Utopie certifiée

J’ignore combien de fois par jour une personne peut ouvrir sa boîte aux lettres, mais lorsqu’elle attend une lettre importante, elle développe même le sens de l’ouïe jusqu’au point d’entendre le facteur.
Et encore plus si son destin (même à court terme) dépends de cette lettre.

Parfois, tu te demandes: Elle sera où, cette lettre? Aura-t-elle déjà été envoyée?
C’est la même sensation que tu ressens quand tu attends que le riz soit cuit. L’attente de la lettre peut te paraître plus longue que la cuisson du riz à feu doux quand tu es affamé.

Tu finis ta licence à l’autre but du monde grâce à un échange, tout va bien; tu passes ton année, tout va bien; tu rentres sans le certificat de notes parce qu’il faut “le signer, mais nous vous enverrons le certificat officiel chez vous”, tout va bien.
Un mois s’écoule, puis deux, puis trois…les délais d’inscription aux masters sont sur le point de se terminer, ça ne va plus si bien; affiches complets dans presque toutes les universités, et il faut “présenter le certificat de notes”… Tu es bronzé, car les vacances se terminent, et la boîte aux lettres se moque de toi.
Et tu imagines ta lettre avec le certificat : dans un avion qui arrive au Japon, ou au Sri Lanka, ou en Guyane…par erreur.
Tu l’imagines aussi dans un orphelinat de lettres perdues, ou en nageant vers la côte dans une bouteille, ou bien peut-être triste et oubliée dans le coin d’un quelconque bureau de Poste.

Le mois de septembre débute, les cours de master aussi, et tu ne peux rien faire du tout. Bon, au moins, pour faire les vendanges, ils ne te demandent pas les notes!
Et, enfin, l’un des derniers jours du mois, après cinq longs mois d’attente, la lettre arrive, et tu la reçois avec autant de joie que ta mamie le jour de noël.

Voilà! elle est là! [applaudissements, feux d’artifice]…
Et tu ne peux pas t’empêcher d’imaginer un monde idyllique où les universités utiliseraient les communications électroniques certifiées, plus simples et plus rapides que les lettres.
Nous aurions ainsi pu éviter cette odyssée de la lettre, l’angoisse de l’attente, et mes cinq mois d’agonie.

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